Connu et largement suivi par une horde de lecteurs metalleux pour son blog (et BD) à succès, Marc Brouillon est un auteur talentueux au trait instantanément identifiable, souvent engagé, toujours passionné. Entre deux encrages, une manif et une bière tiède, il prend le temps de nous répondre, à l'occasion de son arrivée dans Speedball 13.
1/ Salut Marc , c'est ta première participation dans Speedball.
Tu peux te présenter pour ceux qui te connaissent pas ?
Marc Brouillon : Salut à vous lecteurs et lectrices de Speedball ! Alors moi je suis blogueur BD depuis 2011. J'ai commencé avec des petits strips racontant des anecdotes de metalleux et des concerts, avec un angle humoristique. Avec le temps, mon blog, "Le Petit Metalleux Illustré", a bien grandi et la communauté aussi. Ça m'a permis de lancer un Ulule fin 2017 pour financer l'impression de ma toute première BD l'année d'après. À côté je suis graphiste, ce qui fait que j'aime bien testé des styles différents. Autant sur mon blog, j'ai un style BD assez franco-belge, autant pour Speedball, j'ai voulu être plus graphique. J'ai été du côté de Mignola en terme d'inspiration et je pense que ça se sent.
2/ Comment tu t'es retrouvé dans Speedball ?
Fatalement le milieu metal étant pas bien grand, j'ai fini par rencontrer Slo, dessinateur de Metal Maniax, qui officie dans Speedball depuis les début je crois. Son travail était un peu à l'origine de mon blog, c'est en voyant que l'on pouvait faire de la BD sur cette culture que je me suis dit : "pourquoi pas moi ?". Et donc on s'est rencontré plusieurs fois, en 2014 il m'a même édité un petit recueil d'illustration sur la mythologie viking, "Black Beards" (dans un style encore différent, très graphique et très primitif). Déjà à l'époque, il m'avait proposé de participer à un numéro de Speedball mais, j'étais beaucoup trop pris par mes études. Aujourd'hui, c'est un peu une revanche que je prend.
3/ Tu peux nous parler un peu de ta BD dans le Speedball 13 ?
En réalité, c'est un projet que j'ai en tête depuis quelque temps. J'adore Batman mais en me politisant j'ai commencé à le regarder avec un autre regard.
Maintenant, je vois juste un grand bourgeois tabasser des pauvres et des malades. Ce qui est marrant c'est qu'il passe son temps à attraper et remettre indéfiniment les mêmes mecs en taule, ça démontre déjà l'inutilité de la prison comme moyen de réinsertion. Si Batman se posait deux minutes pour réfléchir aux causes de la criminalité à Gotham, il serait anti-capitaliste et peut-être qu'il utiliserait sa fortune autrement. Du coup le projet du Spectre, ça vient de cette frustration : les super héros c'est souvent de droite. Moi je rêve d'un super-prolo, un mec ou une nana qui lutte contre le capitalisme et les fafs, je rêve d'un Batman qui va chercher Balkany par la peau du cul dans sa villa à Marrakech. Comme je m'intéresse beaucoup à l'histoire, notamment l'histoire social et que je suis passionné par les événements de la Commune de Paris, j'avais lu un bouquin de Louise Michel, communarde, anarchiste et poétesse. Le texte que j'ai choisi sonne vraiment comme un mauvais sort, prononcé par une femme, toujours habillée en noir, ajoute à cela le texte de Marx sur "Un spectre hante l'Europe : le spectre du communisme." et la boucle est bouclé. Le numéro 13 de Speedball était l'occasion rêvé pour ce projet.
4/ et sinon à titre perso, c'est quoi ta pire malédiction ?
Je pense justement que ma malédiction c'est la politique. Je dis souvent que la pire chose qui me soit arrivé dans la vie, c'est de m'être politisé. Quand tu commences à analyser les structures dans lesquels tu vis, les différents systèmes de domination qui font souffrir tout un tas de personnes, toutes les injustices, ça te fout hors de toi, c'est déprimant. Du coup je suis un peu énervé en permanence, sur tout. Je dis pas que j'aurais préféré ne pas avoir toutes ces connaissances, mais c'est plus facile de vivre sans savoir comment le monde fonctionne, c'est un confort. Là où ça devient une vrai malédiction c'est que ça fout en l'air tes relations sociales. C'est très difficile de garder son calme quand tes potes, ta famille ou tes collègues balancent des opinions avec lesquels tu es radicalement en désaccord. Même pour mon blog, j'ai envie de parler de politique, mais les gens ne me suivent pas pour cela à la base. Quand j'ai eu le malheur de soutenir Tanx contre Marsault, ça a été le bordel complet sur ma page facebook pendant presque une semaine. C'était pourtant la base.
5/ un dernier mot ? Un sort à jeter aux lecteurs ?
Je leur souhaite d'attraper le coooommuuuuniiiiisme.
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